Ce groupe fonctionne dans un des trois Centres Sociaux de Rillieux-la-Pape et rassemble 23 personnes (rarement toutes présentes) souhaitant apprendre le français pour une meilleure socialisation ou pour trouver un emploi. Les femmes sont majoritaires et reflètent la population bigarrée de Rillieux : diversité d’origine, de couleur, de culture… et de scolarisation.

Ces femmes sont courageuses et dignes dans leur effort de socialisation qui passe par l’apprentissage du français, une fois que les enfants ont grandi. Quelques-unes, n’ayant jamais fréquenté l’école, peinent à tenir un crayon ; pour d’autres, sachant écrire l’arabe ou leur langue asiatique, les difficultés viennent de notre écriture de gauche à droite et sur une ligne horizontale. Mais elles ont une mémoire orale fantastique qui nous trompe parfois sur leur progrès dans la lecture : nous croyons qu’elles lisent alors qu’elles ne font que répéter ce qui a été lu précédemment.

Dans notre monde individualisé où chacun défend son territoire, j’admire l’ambiance amicale qui règne dans ce groupe hétérogène et même la gentillesse des stagiaires pour prêter crayons et gommes, pour relire avec la voisine un texte mal compris, pour demander des nouvelles de la santé.

J’aime aussi deviner en chacune la jeune pousse qui ose lever la tête dans la joie de se sentir aimée et valorisée. C’est la vie qui resurgit en ce temps de Pâques et du printemps.