Présence auprès des chômeurs

témoignage écrit par : France de Charette.

A la retraite professionnelle depuis plus d’un an, après avoir frappé à plusieurs portes, sans succès, je me suis tournée vers une association de réinsertion professionnelle pour chômeurs étrangers ayant leurs papiers en règle.

Cette association « Secours Emploi » dépend du Secours Catholique, c’est une association intermédiaire avec le pôle emploi, anciennement ANPE. Le but est de fournir du travail aux chômeurs, nous ne procurons pas de CDD ni de CDI mais des missions ponctuelles ou de longues durées qui parfois peuvent aboutir à un CDD ou CDI. Le minimum est de deux heures, du lundi ou samedi, parfois certaines demandes peuvent concerner un dimanche et dans ce cas, elles sont majorées de 50%. Toute demande est déductible d’impôts. Nous intervenons chez les particuliers, les entreprises, les écoles, les associations domiciliés sur Paris ou très proche banlieue. Certains demandeurs sont sans emploi depuis un certain temps, d’autres ont vécu dans la clandestinité pendant de longues années et souhaitent désormais retrouver un statut de travailleur. Pour cela, il leur faut plusieurs conditions pour s’inscrire à Secours Emploi :

• Être inscrit au pôle emploi,
• Avoir une carte de sécurité sociale ou CMU,
• Un titre de séjour ou carte d’identité,
• Un CV,
• Un certificat de travail ou fiche de paye,
• Vaccinations à jour,
• RIB.

Nous les recevons une première fois avec leurs papiers que nous contrôlons, nous voyons avec eux ce qu’ils peuvent faire, quelles sont leurs compétences. S’ils n’arrivent pas à s’exprimer correctement en français ou ne comprennent pas bien ce que nous disons, nous les orientons vers des cours de français, il est indispensable qu’ils puissent comprendre ce que l’employeur va leur demander de faire. Puis un second rendez-vous est pris avec la responsable qui décidera s’ils peuvent ou non être inscrits par nous. Nous pouvons leur faire faire des stages de perfectionnement dans leurs compétences, ce qui est un plus pour eux.

Je vais prendre un exemple. Madame X nous appelle et nous dit avoir besoin de quelqu’un pour faire du repassage, du ménage de façon régulière (3 heures par semaine ) pour débarrasser sa cave, laver des vitres, nettoyer une cuisine, etc.….. Nous lui demandons si elle a un jour de préférence, nous prenons note et regardons parmi nos intervenants celui qui correspond le mieux à sa demande. Nous le contactons en lui demandant si cette mission lui convient, s’il accepte nous lui disons de venir chercher son contrat deux jours avant la mission. Nous reprenons contact avec Madame X, lui donnant le nom et le téléphone de l’intervenant. Puis nous faisons le contrat que nous remettons à l’intervenant qui le signe en notre présence.

Sur ce contrat sont mentionnés le tarif horaire brut et les frais de transport, le travail à effectuer, les coordonnées complètes de Madame X, le nom de l’intervenant, son tarif horaire net. Quand il arrive sur son lieu de travail, elle aura soin de noter l’heure d’arrivée et de départ, contrôlera le travail effectué.

Dans les jours qui suivent, Secours Emploi reprend contact avec Madame X afin de savoir si elle est satisfaite de la mission accomplie, si elle a des observations à faire afin que nous puissions aider au maximum l’intervenant à se resituer.

A la fin du mois nous adressons la facture à Madame X, et faisons une feuille de paie à l’intervenant pour tout le travail effectué durant le mois avec les frais de transport, il vient chercher sa feuille de paie et son chèque (dans quelques mois, ils seront tous payés par virement bancaire ). Il peut remplir plusieurs missions dans le mois sans dépasser un certain temps horaire.

La population rencontrée est très variée : Afrique et Europe de l’Est, d’âge et de conditions sociales variés.

Ce genre d’association existe sous d’autres noms en France, n’hésitons pas à les appeler, nous leur rendons service et permettons ainsi à des femmes et des hommes de se réinsérer dans le monde du travail. Depuis le mois le septembre, cinq d’entre eux ont retrouvé un CDI, quelle ne fut pas leur joie lorsqu’ils sont venus nous l’annoncer et la nôtre aussi…..

Si j’ai choisi ce genre de bénévolat c’est afin d’être en contact avec les personnes en situation difficile, de mieux comprendre ce qu’ils vivent et de me laisser bousculer par des différences culturelles. Je suis frappée par l’attention qu’ils nous portent, notamment au moment de Noël, de Pâques, ils sauront nous souhaiter de bonnes fêtes. Nous savons marquer les moments importants comme Noël avec un café et croissants, certains arrivent même avec des gâteaux typiquement de leur pays, c’est un instant important de partage avec eux. Pour moi, c’est une invitation à voir en chacun un visage du Christ, et de leur redonner courage dans cette recherche si difficile du travail.