En neurologie, je suis confrontée, au quotidien, à la souffrance et à la mort de jeunes. Cela a un caractère intolérable qui vient régulièrement interroger ma foi. A l’IPER, il nous est demandé, dans chaque matière de rédiger un devoir. En dogme, j’ai choisi d’élaborer ma réflexion autour de la souffrance : « la présence du mal signifie-t-elle l’absence de Dieu ? »
Ce travail m’a permis de regarder en face les questions qui venaient me bousculer régulièrement. Loin d’être dépassées, aujourd’hui je les prends pleinement dans ma prière pour pouvoir me faire encore plus proche de ces personnes qui souffrent, et qui ont à vivre des passages.
Dans le cadre de ma formation à l’IPER, j’ai suivi une session sur l’écoute et l’accompagnement. Des ‘petits’ moyens nous ont été donnés, tels que la reformulation. Le lendemain je suis retournée dans le service de neurologie. De façon très spontanée j’ai pu recueillir les premiers fruits des deux jours précédents.
Une femme ayant été victime d’un accident vasculaire cérébral, quelques semaines plus tôt, et ayant pour séquelle une hémiplégie gauche (paralysie totale du côté gauche), alors que je lui prends sa tension, m’exprime qu’elle est fatiguée.
- Bonjour Madame, je suis l’infirmière, je viens prendre votre tension. Vous avez bien dormi ?
* Oh… vous savez je suis bien fatiguée.
-Fatiguée ?
* Des fois je me demande s’il ne vaudrait pas mieux que tout ça s’arrête.
- Mmm
* Mais on nous a dit tellement de choses sur l’au-delà que je ne sais plus ce qui est vrai ou pas.
- Vous me parlez de votre désir de mourir, mais vous avez peur .
* Oui. De toute façon il y a des épreuves partout, pourquoi il n’y en aurait pas aussi après ?
Je suis infirmière et ne peux pas aller plus loin, je n’ai pas le droit de partager explicitement ma foi.
- Vous savez, il y a un service d’aumônerie à l’hôpital, si vous le désirez je peux les appeler, vous pourrez leur parler de votre peur.
* (avec un petit rire) Ben vous alors, vous pensez à tout, merci !
Elle semble soulagée.
- Vous voulez les rencontrer ? Je les appelle ?
* Non, je crois que je n’en suis pas encore là. Merci.
- D’accord. Je vous souhaite une bonne journée. Courage à vous !
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