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Témoignages : Thérèse C- Marie-Josèphe - Madeleine

Anne Marie

" ne pas accepter sans discernement ce qui est raisonnable.  "

Beaucoup d’entre vous se demandent comment, au jour le jour, je vis ma vie de femme consacrée à Dieu dans une congrégation religieuse, alors que je vis pratiquement seule à Gossi. Dans le petit film que nous avons pu partager ensemble, Madame Laure Dubreuil et moi, évoquions un peu de cette vie avec Dieu. Bien sûr le principal ne peut pas se dire, c’est le secret de la vie avec Dieu, avec Jésus. Je vais cependant essayer de partager avec chacun et chacune ce qui est le moteur de mon action au long des jours.

Tout d’abord une vie seule ainsi, dans un climat difficile où tout est différent de ce que l’on vit chez nous, ne s’improvise pas un beau jour, elle se prépare longuement sous le regard de Dieu et avec l’aide de ses frères et sœurs. Dans les communautés où j’ai séjourné avant mon départ pour le Mali, j’ai toujours vécu avec mes sœurs dans un grand respect réciproque de la vie de chacune, de l’Appel de chacune à vivre la Mission de la Congrégation, qui pourrait se résumer peut-être à « favoriser en chacune des personnes rencontrées une réponse personnelle à Jésus-Christ, à Dieu ». Dans cette optique, le projet proposé à mes supérieures de faire médecine pour partir au Sahel n’était pas en dehors de nos objectifs puisque je pensais que Dieu m’appelait auprès des gens dont les conditions précaires d’existence (famine et pauvreté) rendaient difficile une vie réellement humaine et donc encore plus difficile une réponse personnelle pour une vie avec Dieu. Lors d’une préparation plus proche à mon départ, j’ai compris que, dans ce pays qui m’était si lointain et où Dieu m’invitait, il ne me demandait pas d’agir par moi-même, mais d’être là, auprès de mes frères pour les aider à réaliser eux-mêmes, ce que seuls par manque de moyens et de dynamisme, ils ne pouvaient entreprendre. J’ai été particulièrement appelée à vivre à la suite du prophète Michée : « On t’a fait savoir, homme , ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que :

  • d’accomplir la justice
  • d’aimer avec tendresse
  • de marcher humblement avec ton Dieu » (Michée 6,8)

Je sentais pour avoir fait quelques stages en Afrique, ce que Dieu me demandait de partager avec mes frères pauvres de ce Nord-Mali : « une pauvreté de dépendance, » « tout recevoir »,
« tout recevoir avec eux », « accueillir toute remarque, suggestion, avis, etc.… »
mais « Attendre tout de Dieu »

Personnellement, ne m’occupant que

  • d’accomplir la justice
  • d’aimer avec tendresse
  • de marcher avec Dieu.

Et voilà 10 ans que j’essaie chaque jour de repartir avec cet esprit, d’être disponible aux inspirations de mes frères nomades ou sédentaires, de tester ces inspirations parfois longuement avant de les aider à entreprendre ; ceci avec des avancées, des reculs, des essais, des reprises.

Dieu ne m’a pas laissée seule. Dès le départ, il m’a conduite vers un homme « de bonne volonté » proche également de Dieu et désirant faire quelque chose avec ses frères : Zado. Tous les deux, nous avons bâti notre projet sous le regard de Dieu, lui musulman, moi religieuse catholique. Nous aimons, dans les moments durs, et il y en a souvent, nous redire comme une source de dynamisme « si c’est le projet de Dieu, Dieu le fera durer ». Cela est pour nous très exigeant, car à la fois il faut avancer mais aussi chercher quel est « le chemin de Dieu » dans les différentes routes qui se présentent, ne pas accepter sans discernement ce qui est « raisonnable » mais ferait dévier le but premier qui est « le projet que Dieu a sur nous ».

Après quelques années, s’est adjoint Awazi, qui lui aussi, avait un projet pour son ethnie, dans une optique de service de ses frères, lui aussi musulman. Actuellement c’est donc à trois que nous essayons de réaliser le projet de Dieu, par nous, sur nos frères et nombreux sont ceux qui se sont joints à nous avec ce même esprit de service.

Si nous permettons à des êtres malades de recouvrer la santé et de la conserver, si nous permettons à des gens désœuvrés de devenir des travailleurs salariés, ayant à gérer un budget, à élever leurs enfants dans la dignité, en les scolarisant ; si nous permettons à des familles de devenir de petits propriétaires ayant à gérer une terre pour qu’elle fructifie et leur fournisse les compléments essentiels de la nourriture de base, nous pensons avoir cheminé humblement en nous donnant la main pour rendre ces frères et ces sœurs plus hommes, plus femmes, plus responsables et capables un jour de marcher seuls, de marcher à leur tour au service de leurs frères.

Bien sûr nous savons aussi que rien ne peut se faire sans votre aide, sans l’aide de tant de bonnes volontés qui, de loin ou de près, par une aide matérielle combien nécessaire, ou par la prière, cheminent avec nous au jour le jour ou occasionnellement.

Tout ce qui précède vous semblera peut-être idéaliste, surtout à ceux qui sont venus à Gossi et qui ont été confronté aux difficultés de caractères, de différences ethniques, de différences d’optiques sur le terrain. Il faut bien se dire que Dieu ne peut agir qu’en se servant des hommes, et l’homme, même de bonne volonté, travaille avec son caractère, ses défauts et ses qualités. Le principal n’est-il pas la durée dans l’action sous le regard de Dieu et de ses frères, la relation personnelle de chacun à Dieu ?

Bien sûr, je vis seule au sens humain du terme, mais d’abord, je suis entourée de croyants authentiques et notre langage se rencontre. De plus, ma congrégation, mes sœurs sont très proches de moi, je ne me sens nullement isolée, chaque jour nous nous rencontrons dans la prière, principalement avec les communautés de sœurs qui, du fait de leur âge ou de leur handicap physique, sont réduites à l’inactivité. Et puis, vous tous amis proches ou lointains, famille humaine ou famille de cœur, ne croyez-vous pas que vous existez fortement pour nous ? Chaque comprimé donné aux malades, chaque instrument, chaque franc des salaires, chaque graine que nous plantons, a devant Dieu un nom, puisque nous vivons principalement de dons et cela nous le rappelons souvent au cours de nos journées et nous remercions Dieu à travers nos amis ou nos proches, qui permettent à notre projet d’exister et de durer.

Peut-être maintenant certains nous « connaîtront-ils » mieux et pourront-ils davantage nous rejoindre dans la prière comme ils le désiraient ?

Au nom de toute l’équipe, il me reste à vous remercier de nous permettre de travailler encore au service de nos frères démunis. Awazi et moi, à notre retour nous rapporterons la joie et la paix dans notre petit coin de terre malienne car le souci du lendemain est écarté pour quelques mois.

Joyeux Noël à tous. Que pour tous, il soit un Noël de joie et de paix sous le regard de Dieu, de Jésus !

Très fraternellement

Sœur Anne-Marie Salomon

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