Réfléchir à partir d'un livre ou d'un film
Réfléchir avec : Eri DE LUCA
à partir de son livre : Au nom de la mère
Edition Flammarion 2006.
Eri de Luca est un auteur italien contemporain. Il est né à Naples en 1950 et vit aujourd’hui à la campagne près de Rome. Il s’est fait connaître avec deux romans : Trois chevaux et Montedidio qui ont paru en 2001 et 2002. Un recueil de nouvelles intitulé Le contraire de un est paru en même temps que Noyau d’olive en 2004. Au nom de la mère est son dernier ouvrage paru en 2006.
Eri de Luca fréquente la Bible depuis longtemps. Sa connaissance des Ecritures ne doit cependant rien à la foi ni à un quelconque sentiment religieux. De Luca se dit non croyant, incapable de prier ou de pardonner. Il est néanmoins habité par les textes bibliques au point de commencer chaque journée par la lecture et la traduction d’un passage, ce qui lui donne matière à réfléchir. C’est un auteur passionnant.
Avec ce petit ouvrage : Au nom de la mère, De Luca propose son interprétation des événements de l’annonciation et de la nativité. Il ne cherche pas à faire de la théologie, mais seulement à rendre compte de sa lecture. Il présente Marie et Joseph tels que sa lecture les lui fait apparaître : une femme et un homme surpris, étonnés par ce qui leur arrive. Une femme « fécondée au vent » soudainement et un homme « épris » du mystère de sa femme. C’est en un langage poétique que De Luca donne chair à ces personnages tellement connus et en même temps tellement méconnus, puisque le récit biblique en dit si peu. Petit ouvrage beau, léger, profond, qui entraîne si loin, si doucement, si fermement en nous-mêmes, au plus intime et au plus près des autres.
Extrait : Première stance, p 15.
« Je lui ai dit le jour même. Je ne pouvais pas rester une nuit avec le secret. Le jour ne passera pas entier sur la rupture de ton alliance. Nous étions fiancés. Dans note loi, c’est comme être mariés, alors qu’on ne vit pas encore dans la même maison. Et voilà que j’étais enceinte.
La voix du messager était arrivée en même temps qu’un souffle d’air. Je m’étais levée pour fermer les volets et j’ai aussitôt été couverte d’un vent, d’une poussière céleste, au point de fermer les yeux. En Galilée, le vent de mars vient du nord, des monts du Liban et du Golan. Il apporte le beau temps, il fait claquer les portes et gonfler la toile des entrées, qu’on dirait enceinte. Dans les bras de ce vent, la voix et la silhouette d’un homme se trouvaient devant moi…»
Le récit et magnifique. Il nous donne à nous approcher de Marie et Joseph, ou plutôt il nous donne de les laisser s’approcher de nous. Ils sont homme et femme, avec la foi, les réactions, les questions qui pourraient être les nôtres : la peur, le doute, l’étonnement, la conviction, l’attente…
Avec ce récit, nous pouvons contempler, méditer, entendre pour nous-mêmes comment la vie nous touche, nous entraîne, nous déplace, nous échappe…
Belle lecture savoureuse !
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