Assemblée de l'unité France
du 11 au 13 mars 2011
LA CHASTETE
Quelques lignes des témoignages entendus
Quand je suis entrée au noviciat, ma vision de la chasteté se limitait à l’absence de relations sexuelles avec un homme. Chasteté équivalait presque exclusivement à la continence. Progressivement, mon horizon et ma compréhension intérieure de ces attitudes se sont élargies, transformées au contact de la réalité. Même si la route est encore longue, les images fausses ou erronées tombent peu à peu. La chasteté ne concerne plus seulement mon rapport à une sexualité génitale. |
Je découvre donc que la chasteté concerne tout ce qui touche à la relation, au donner recevoir, au fait d’être reliée : à moi-même, aux autres, à Dieu et même aux choses et aux moyens. C’est ma capacité d’aimer et d’être aimée qui est en jeu et aussi l’image que j’ai de l’amour. Je constate tout d’abord que la chasteté est tout sauf la négation de mon être sexué de femme, désirante, capable de plaisir. C’est plutôt un déploiement de mes capacités à aimer et à être aimée d’une autre manière. Je découvre que la chasteté ne se joue pas dans la négation de mes désirs mais dans leur accueil et leur confrontation avec les autres et avec la réalité. Quelquefois cela implique de renoncer à ma manière de voir mais jamais à la nier : juste en accueillir une autre pour favoriser la relation. Je ne suis ni un ange, ni un démon ! L’accepter vraiment profondément est un véritable chemin pour devenir chaste et m’y atteler jour après jour.
|
L’un des aspects de la chasteté implique pour moi d’habiter mon corps. Je découvre qu’il y a une manière d’entrer en relation avec les autres et même avec moi qui dit « excusez-moi d’exister ! ». Je n’avais jamais accepté ni pris conscience de la nécessité de prendre soin de mon dos par exemple. Mon dos était courbé et je n’avais pas mal (enfin c’est ce que je me disais) ! Après tout, l’essentiel était ma capacité à aimer, mon âme, mon esprit mais finalement, je vivais cela sans prendre en compte mon corps. Après une longue lutte (à quoi ça sert ?, je suis comme ça, finalement j’ai pas mal…bref, de très bonnes raisons de ne rien faire !), je réalise, un jour, que ce dos « censé ne pas me faire mal » m’empêche de faire des activités quotidiennes que d’autres sont obligées de faire à ma place. Je me dis que les autres n’ont pas à porter mon dos : c’est ma responsabilité ! Petite prise de conscience extérieure à moi. Je commence du kiné. Ce fut un chemin lent, progressif. Puis des années après, la danse, le kiné et d’autres rencontres, d’autres choses, ont eu raison de ma fausse image ! Un jour, j’ai réalisé que je me tenais un peu plus droite, d’autres personnes me l’ont renvoyé ; je discute avec le kiné qui me demande ce qui se passe parce que mon dos « se recentre », selon son expression. Intérieurement, je reconnais que je me suis recentrée sur le Christ, j’ai accepté que mon corps fasse aussi partie de ma relation à moi, aux autres, à lui. J’ai lâché des fausses images de moi, de ce que doit être la vie spirituelle, de ce que je dois être, pour accueillir que je suis un tout, que je suis aussi ce corps. Mon corps participe à ma vie et à sa croissance.
Devenir chaste, c’est ainsi accueillir mon désir que tout ce que je suis, et ne suis pas, soit donné et reçu des mains de Dieu et dans ses mains. C’est ainsi devenir de plus en plus humaine, femme, en relation avec d’autres, parce que c’est dans notre humanité que le Seigneur vient nous sauver et non dans un idéal fantomatique…
|
|