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Danielle EON : Formation biblique et théologique aux catéchistes et aux animateurs d'aumônerie de Rillieux.

Les prêtres de la paroisse de Rillieux m’ont demandé de proposer aux catéchistes et animateurs d’aumônerie un parcours de formation biblique et théologique pour leur permettre d’approfondir leur propre foi, et par là, de mieux répondre à la tâche qui est la leur auprès des enfants et des jeunes. Depuis septembre dernier, un petit groupe d’une dizaine de personnes s’est donc réuni plusieurs fois, autour de la Genèse, pour chercher ensemble ce que ce premier livre de la Bible nous fait découvrir de Dieu d’abord, mais aussi de l’être humain en relation avec son Dieu, avec soi-même, avec les événements, avec les autres. Les trois rencontres qui ont déjà eu lieu étaient bonnes et riches et me donnent le désir aujourd’hui de partager quelques éléments de cette lecture qui, à chaque fois, nous invite à regarder comment les personnages contemplés éclairent notre propre vie.

La faute d’Adam et Eve… ou le drame de l’orgueil.

Le chapitre 3 de la Genèse, bien que tout entier construit sur un langage symbolique et mythique, recèle pourtant une vérité fondamentale sur la fameuse notion de péché. Avec le mythe d’Adam et Eve, nous pouvons, en effet, découvrir que le péché des origines n’est pas d’abord la faute commise, un jour, par d’hypothétiques premiers parents trompés par un serpent, faute qui se serait transmise de génération en génération. Le péché des origines, c’est le péché fondamental, celui qui est à l’origine de tout péché concret, la racine du péché… Cette racine n’est rien d’autre que l’orgueil, la volonté de toute puissance, le désir d’être semblable à des dieux, la tentation de tout savoir, de tout connaître, de tout maîtriser… Les conséquences de tout cela sont grandes et parfois dramatiques car, comme pour Adam, Eve et leur fils Caïn, l’orgueil conduit à se cacher et à se couper de Dieu, il engendre la rivalité, la domination et la violence entre hommes et femmes, entre frères, entre semblables.

A nous, aujourd’hui, il est donc donné de comprendre que nous n’avons pas découvert ce qu’est vraiment le péché tant que nous n’avons pas accepté de reconnaître notre orgueil, notre suffisance et notre refus d’écouter la parole de vie, et ce à quoi tout cela nous conduit dans notre relation à Dieu et aux autres.

Abraham : les conditions pour que la promesse prenne chair.

Regarder Abraham est aussi très instructif… Il est marié à Sarah, mais celle-ci est stérile. Son clan est tout petit, fragile, traversé par l’épreuve de la mort et de la stérilité… Mais c’est pourtant dans cette situation de précarité que surviennent l’appel de Dieu et sa promesse, la promesse d’une innombrable descendance, le promesse d’un peuple à naître. En écrivant son histoire, le peuple hébreu reconnaît donc simplement que sans Dieu, il eut été voué à la stérilité…

Nous pouvons, nous aussi aujourd’hui, nous demander quelle promesse de vie fait retentir en nous son discret appel.

Face à ce que nous sommes devenu(e), quel regard portons-nous sur notre histoire, sur les fruits que nous portons…Quelle part reconnaît-on à Dieu ?

Avec Abraham, nous découvrons que la promesse de Dieu ne peut se réaliser qu’à certaines conditions.

Il faut d’abord quitter.. Quitter quoi ? Pas forcément notre pays, notre maison ou notre parenté, mais quitter ce « quelque chose » qui, dans le contexte de notre vie à nous, nous entrave, nous empêche d’avancer, nous attache négativement, nous retient, nous rend sourd aux appels de Dieu…

A nous maintenant de demander au Seigneur ce qu’il nous faut quitter pour que se réalise la promesse de vie qui retentit en nous : des pensées négatives toujours revenues qui empêchent de vivre ? Des comportements stériles pour nous et nos proches ? Des attaches mortifères ? Tel ou tel engagement… ?

La seconde condition pour que la promesse se réalise, c’est d’emporter, comme Abraham, tout ce qui fait notre vie, les relations construites et dans lesquelles on s’est engagé(e), tout ce que l’on a fait fructifier et qui est bon.

Pour nous aujourd’hui, il peut être bon de regarder ce que l’on peut mettre dans notre bagage et qu’il ne faut surtout pas mettre de côté…

En regardant aussi la suite du chapitre 12, nous pouvons voir qu’une famine est arrivée dans le pays qu’Abraham traverse et il choisit de descendre en Egypte pour fuir la famine. Comme cela devait sans doute se faire à cette époque, il affirme que sa femme est sa sœur pour éviter d’avoir des ennuis, car le Pharaon pourrait bien se débarrasser de lui afin d’accaparer Sarah qui était fort belle... Mais, en agissant ainsi, Abraham livre sa femme aux mains de Pharaon et il faut alors que Dieu intervienne pour la sortir de là.

Or, sans Sarah, comment la promesse se serait-elle réalisée ? Sans elle, comment un fils aurait-il pu naître de ce couple choisi par Dieu ? Abraham, le destinataire lui-même de la promesse, apparaît donc comme celui qui met les obstacles les plus grands à cette promesse…

Nous pouvons maintenant recueillir une troisième condition pour que la Parole de Dieu prenne corps en nos vies. Il s’agit ici de ne pas mettre, nous mêmes, trop d’obstacles à ce que Dieu veut pour nous..

Pour nous, regardons quelles peurs, quelle crainte de se perdre, quel refus d’être trop dérangé(e) nous habite parfois et nous fait passer à côté de la vie que Dieu veut pour nous… ?

Ismaël, le fils non prévu..

Le texte biblique nous donne également à entendre qu’Ismaël est venu à l’initiative de Sarah qui, trop humainement, voit qu’elle ne peut avoir d’enfant et qui trouve alors une stratégie pour que son mari ait une descendance. On a donc clairement l’impression qu’Ismaël n’était pas prévu par Dieu… Et pourtant, Dieu le reçoit et l’accueille comme un fils, il console Agar et entend sa détresse, il promet à Ismaël une descendance nombreuse.

C’est la grandeur de Dieu que nous pouvons contempler là, sa largesse et sa bonté… Notre Dieu reprend à son compte s’il le faut et si cela est possible, ce qui pourtant est le résultat de nos pauvres stratégies. Mais, en même temps, nos propres stratégies ne remplacent jamais ce qu’il a prévu, ce n’est pas nous qui menons les choses…C’est à Isaac qu‘il continue de confier sa promesse.

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