Le SéDIF, à Lyon, où je travaille - et où je travaillerai davantage l’an prochain - est un Service Diocésain de Formation qui s’attache à former des laïcs appelés à une responsabilité ecclésiale, sur un parcours de deux années. Il propose aussi à tous ceux et celles qui le veulent, des modules plus légers, dans les paroisses, en soirée, pour permettre au plus grand nombre d’être rejoints et nourris dans leur foi. Ce lieu me donne d’aider des étudiantes, souvent mères de famille, à travailler un texte biblique et à découvrir à quelle connaissance de Dieu il peut conduire. Il me donne aussi d’aller, ici et là, dans les paroisses pour proposer telle ou telle lecture biblique, telle ou telle réflexion nourrissante sur la foi, les sacrements, la vie humaine…

Ma mission aujourd’hui, c’est aussi d’accompagner des personnes sur le chemin de leur vie quotidienne, à travers des rendez-vous réguliers, pour leur permettre de mettre des mots sur ce qui a été vécu, les semaines passées, dans leur famille, leur travail, leurs engagements, leurs relations diverses. Chacun avance à son pas, mais je suis parfois témoin de belles libérations qui leur donnent de mieux vivre et de mieux aimer, peu à peu, au fil des semaines et des mois.

Au mois d’avril dernier, j’ai également donné une session un peu longue, de deux semaines, sur le thème du mal, du péché et du salut, à des novices de l’inter noviciat ignatien seconde année. C’était une joie pour moi de pouvoir articuler l’étude de certains passages bibliques, la réflexion théologique et l’expérience spirituelle bien présente avec un tel sujet.

Avons-nous besoin d’être sauvés ? De quoi sommes-nous sauvés ? Quel salut le Christ propose-t-il ?

Avec le chapitre 3 de la Genèse, nous avons découvert que le péché commence là où nous refusons de donner autorité à la Parole de Dieu dans nos vies, là où nous refusons de lui faire confiance, parce qu’une autre perspective nous séduit : être comme des dieux, tout savoir, tout comprendre, tout maîtriser, être grands… Ce refus et ces tentations conduisent alors à la peur de paraître tels que nous sommes devant Dieu, à l’accusation, à la rivalité, à la jalousie, à la domination...

Avec l’évangile de Luc, nous avons découvert que le salut proposé par le Christ est un relèvement progressif qui se traduit par un certain nombre de guérisons : la guérison de ce qui replie sur soi et isole, la guérison de toutes sortes d’aveuglements et de paralysies qui empêchent de voir, d’avancer, d’être avec les autres… Ces guérisons concernent notre corps parfois, mais plus exactement, notre être tout entier, car elles ouvrent sur des relations plus simples et plus heureuses, elles conduisent à aimer et à servir davantage le Christ, à adopter, peu à peu, ses manières à lui, dans nos rencontres, dans notre vie quotidiennes, nos responsabilités…

En cela, le jardin d’Eden n’est pas au début du chemin, il n’est pas un âge d’or que l’on aurait perdu un jour du temps… Il est ce qui nous attend au bout de la route, lorsque nous serons enfin capable de donner autorité à la Parole de Dieu dans nos vies, de vivre en confiance avec lui, de cultiver le monde avec lui en semant des graines de paix, de justice, d’écoute, d’amour.. Chaque fois que nous le faisons déjà, malgré notre humanité limitée, fragile, imparfaite, nous sommes dans le jardin d’Eden…